St. Augustin pour nous les africain

12.01.2016 09:37

Qui est St Augustin, ou Augustin d’Hippone? Est-ce que tous les paroissiens connaissent leur saint patron? Est-ce qu'ils savent pourquoi en Afrique tant d'églises portent son nom et pourquoi c'est un grand honneur et une grande grâce qu'on nous a concédé ce saint exceptionnel?

Augustin est né à Tagaste, en Algérie, (Afrique)en  354, il est un vrai africain. Même si son papa Patrice était un romain, ça veut dire membre d'un peuple étranger, colonisateur, de sa maman Monique on dit qu'elle était berbère du peuple autochtone de cette époque. Intéressant à remarquer que le papa d'origine européenne était païen tandis que la maman  africaine passe pour une chrétienne convaincue et fervente.

Augustin était éduqué dans l'esprit romain, philosophique, rhétorique, politique. Pendant plusieurs  années d’égarement  et d'errements, il est devenu un grand et est arrivé en Europe, à Rome et à Milan aux centres de pouvoir de cette époque. Mais quand il s'est converti et a été baptisé à l'âge de 33 ans en l’an 387 il ne voulait pas rester à Milan. Il retourna en Afrique, car il savait que sa vie chrétienne devait se dérouler en Afrique.

Mais ce ne sont pas seulement les données de sa vie qui doivent nous intéresser. C'est l'esprit de St. Augustin qui est important. Voici le témoignage de son  baptême:

« Combien j’étais ému ! Que de larmes s’échappaient de mes yeux, lorsque j’entendais retentir dans votre église le chant mélodieux des hymnes et des cantiques qu’elle élève sans cesse vers vous ! Tandis que ces célestes paroles pénétraient dans mes oreilles, votre vérité entrait par elles doucement dans mon cœur; l’ardeur de ma piété semblait en devenir plus vive; mes larmes coulaient toujours, et j’éprouvais du plaisir à les répandre. »(Conf., livre 9)

Réfléchissons! Que signifie pour nous le baptême? Comment vivons-nous la grâce du baptême et l'amour qui nous est révélé au baptême? 

Dans notre église paroissiale, nous avons le dessin de St. Augustin et Ste Monique fait par le jeune Jean Ouadé avec l'écriture:

"J’ai commencé tard à vous aimer, ô beauté si ancienne et si nouvelle!" (Confessions, livre 10) Chaque fois que je réfléchis sur ces paroles je pense à l'Afrique subsaharienne. Alors que l'Afrique du Nord, connaissait déjà une vie chrétienne florissante depuis le temps des Apôtres, il fallait des siècles pour que la bonne nouvelle de Jésus Christ vienne toucher les cœurs  des togolais, béninois ou ghanéens.

A qui la faute ?  Des Européens ou africains du nord, qui ont considéré les autres indignes de la foi chrétienne ou qui ont fui l'effort? Des musulmans qui ont envahi l'Afrique du Nord, découragés et mis à l'ombre la foi chrétienne? Ou peut-être ça dépend de nous aussi, qui n'ont pas été ouverts, même aveugle pour cette grâce, cet amour qui nous entoure, même si nous ne le savons pas. Lisons encore une fois  St Augustin dans la suite du texte affiché à l'église paroissiale:

"Et voici que tu étais au-dedans, et moi au-dehors,  et c'est là que je te cherchais, et sur la grâce de ces choses que tu as faites, pauvre disgracié, je me fatiguais ! Tu étais avec moi et je n'étais pas avec toi; elles me retenaient loin de toi, ces choses qui pourtant, si elles n'existaient pas en toi, n'existeraient pas !"

Il parle des choses qui nous empêchent de connaitre le vrai Dieu. Ici en Afrique, on peut traduire cela avec "fétiche" ou "idole", arbres, esprits, pierre d’ancêtre, jarres cassée couvertes de plumes. Peut-être tout le monde ne le sait pas que Dieu a créé tout cela même les esprits,  les diables. Comme c'est bête d’adorer la créature, de sacrifier à la créature au lieu de se tourner vers le créateur, le maître et Seigneur. Augustin a regretté cette erreur de toute son existence. Il a pleuré amèrement sa bêtise ensuite, il a glorifié Dieu par des chants de grâce toute sa vie parce que  Dieu n'était pas fâché, mais Il l’a plutôt  cherché, poursuivi, aimé, aidé à venir jusqu’à lui. Augustin, lui, a trouvé, le Dieu vivant, miséricordieux et beau, " beauté si ancienne et si nouvelle, bien tard, je t'ai aimée ! Tu as brillé, tu as resplendi et tu as dissipé ma cécité ; tu as embaumé, j'ai respiré et haletant j'aspire à toi ; j'ai goûté,  j'ai faim et j'ai soif ; tu m'as touché et je me suis enflammé pour ta paix.

Il me semble que les peuples de la paroisse de Solla sont parmi les derniers à découvrir l'amour de Dieu. Mais cela ne signifie pas qu'ils ont moins de joie. Peut-être est-ce le contraire.

St Augustin était un grand docteur de la foi. On ne peut pas raconter  tout ce qu'il a enseigné, rectifié et  réfuté dans cette brochure mais  tous simplement il a aidé à distinguer la foi chrétienne de la foi païenne. Lui, il savait déjà qu'il ne suffit pas de dire seulement  qu'on est chrétien pour être dans la vérité et avoir la foi qui conduit vraiment vers Dieu. Les idées et mentalités païennes, magiques, fonctionnalistes ou matérialistes ne disparaissent pas facilement ou veulent toujours de nouveau s'infiltrer. Nous le savons, nous aussi dans notre milieu. Le père de l'Eglise, St Augustin nous aide à être vigilants. Une de ses œuvres s'appelle tout simplement "Traité du catéchisme". Mais son chef d’œuvre c'est "La Trinité". Si tu essaies de comprendre, méditer et vivre le Dieu unique en trois personnes tu ne peux pas te tromper. C'est pourquoi la paroisse a choisi le pagne de fête  avec la fleur à trois pétales, symbole de Dieu, une fleur trois fois fleurissante.

Mais il y a une clé qui nous aide vite à juger ce qui est bon:

« Aime et fais ce que tu veux. Si tu te tais, tais-toi par amour; si tu parles, parle par amour; si tu corriges, corrige par amour; si tu pardonnes, pardonne par amour. Aies au fond du cœur la racine d’amour, de cette racine, rien ne peut sortir de mauvais. »

 

Regardons encore notre monde, dans notre paroisse St. Augustin, on s'occupe beaucoup de la doctrine sociale de l'Eglise. Une fois l’an, les étudiants de la paroisse se rencontrent pour partager et se former sur cette doctrine sociale de l’Eglise avec leur mouvement EFFATA.

Dans "La cité de Dieu", St Augustin prouve que la foi a aussi quelque chose à dire concernant la gestion des biens temporels. Il a écrit cette œuvre pendant de longues années d'observation et dans un temps de déclin de désordre. Ce qu'il dit, il le dit aussi à nous en Afrique où beaucoup souffrent de l'irresponsabilité, l’égoïsme, l'incompétence et la négligence ou tout simplement de la corruption:

« Deux amours ont donc bâti deux cités : l'amour de soi jusqu'au mépris de Dieu, la cité de la Terre, l'amour de Dieu jusqu'au mépris de soi, la cité de Dieu. L'une se glorifie en soi, et l'autre dans le Seigneur. L'une demande sa gloire aux hommes, l'autre met sa gloire la plus chère en Dieu, témoin de sa conscience. L'un, dans l'orgueil de sa gloire, marche la tête haute ; l'autre dit à son Dieu : ‘Tu es ma gloire et c'est toi qui élèves ma tête.’ Celle-là dans ses chefs, dans ses victoires sur les autres nations qu'elle dompte, se laisse dominer par sa passion de dominer. Celle-ci, nous représente ses citoyens unis dans la charité, serviteurs mutuels les uns des autres, gouvernants tutélaires, sujets obéissants. Celle-là, dans ses princes, aime sa propre force. Celle-ci dit à son Dieu : ‘Seigneur, mon unique force, je t'aimerai.’ » (La Cité de Dieu, 14ième livre)

Oui, vraiment, St Augustin, aide nous à découvrir Dieu dans notre vie, de lui donner la gloire et que son royaume vienne!