Commentaire sur les articles 53 à 60 de l’exhortation apostolique EVANGELII GAUDIUM

22.07.2014 21:44

Le pape nous ouvre les yeux pour le fait qu’il y a une pauvreté matérielle et une pauvreté sociale. La pauvreté sociale est l’exclusion. L’homme est fait pour la communauté, il n’est pas bien pour l’homme d’être seul. La pauvreté sociale est souvent le résultat de l’autre pauvreté. Et c’est un sentiment très douloureux et profond d’être exclus par la pauvreté.

Pape François donne un exemple des médias : Tous le monde s’intéresse de ce que font les riches, ce que fait l’argent. Mais c’est très rarement qu’on parle du pauvre. C’est une sorte de croyance, on croit vraiment que ce que fait le riche et plus important.

Cela se fait voir aussi dans une théorie qui s’appelle « ruissellement », « rechute favorable » ou en anglais « trickle down ».   C’est toujours la même idée, selon laquelle ce qui se passe au plus haut niveau, chez le plus riche, est le plus important. C’est pourquoi il faut toujours leur rendre plus facile la vie, les affaires, les impôts et la législation. Et par ça tout le monde va profiter et gagner. L’argent ruisselle d’en haut en bas. C’est une fausse théorie ! dit le pape. Parce que l’on ne connait ni le pauvre ni l’homme. C’est par la vertu et la force des milliers de gens simple qu’on construit une nation.

Cette théorie fatale du ruissellement d’en haut à des conséquences : Le pauvre n’est pas seulement sous-estimé mais il devient déchet, quelque chose qui n’est plus nécessaire.

En vérité c’est l’homme qui n’est plus nécessaire, par ce qu’il ne faut pas imaginer qu’en haut c’est l’homme qui règne, c’est plutôt l’argent, c’est un système, un mécanisme  de calcul qui domine tout et décide tout.

On n’est pas étonné s’il n’y a pas de compassion ou de pitié, s’il n’y a pas des grandes idées sociales là-bas. L’argent étouffe tout cela.

La culture des déchets ou l’homme ne vaut plus rien commence avec l’inégalité. Malheureusement EVANGELII GAUDIUM ne donne pas des précisions sur ce terme. En allemand on traduit «Dispariät der Einkommen » (inégalités de salaire). C’est une interprétation. Mais en vérité le Pape vise l’inégalité de dignité, de valeur, de chance. C’est là que commence la culture des déchets.

Pape François n’est pas étonné s’il y a des guerres et des luttes sociales très violentes. On a beau demander la paix s’il y a des inégalités humiliantes et douloureuses dans une société.

Il y a une « dictature de l’économie sans visage et sans un but véritablement humain » selon le pape. Comment est-ce qu’on peut sortir de ce système très cohérent d’argent, calcul et bénéfice où l’homme n’a pas de place ?  C’est par l’éthique et par Dieu. C’est quoi l’éthique ? C’est chercher ce qui est vraiment important et bon pour l’homme, se mettre au dehors du système, regarder avec les yeux de Dieu. Alors l’éthique ou la morale nous aide mieux connaître Dieu et Dieu nous aide à être plus moralisateur, plus bons, plus humains.

Dans ces 8 paragraphes l’on peut bien étudier les principes de la doctrine sociale : solidarité (pas d’exclusion !), personne humaine qui doit toujours être au milieu (dénonciation de l’économie sans visage et la réduction de l’être humain à la consommation, indication d’une crise anthropologique) et finalement la destination universelle des biens (avec la citation de Jean Chrysostome : « Ne pas faire participer les pauvres à ses propres biens, c’est les voler et leur enlever la vie. Ce ne sont pas nos biens que nous détenons, mais les leurs » …

A la fin le pape semble parler de l’Afrique et tous ses problèmes : Corruption, conflits, ignorance. Mais ce ne sont pas les leçons de l’extérieur ou des moralistes locaux qui peuvent bouger quelque chose, mais les faits. Pape François trouve des paroles fortes à l’adresse de ceux qui pense il faut « apprivoiser » pauvres qui sont éveillé, voient des injustices et se révoltent. Ils demandent des changements vers une société plus fraternelle, plus juste et plus humaine.